Discours en l’honneur du 80ème anniversaire de la Libération de La Ville

Discours

Madame le Maire, Anne VOITURIEZ

Loos, le dimanche 8 septembre 2024

Cérémonie en l’honneur du 80ème anniversaire de la Libération de La Ville

Seul le prononcé fait foi

Mesdames et Messieurs les représentants des autorités civiles et militaires,

Mesdames et Messieurs les élus du Conseil municipal,

Mesdames et Messieurs les présidents et membres d’Associations Patriotiques, de défense de la Mémoire et de la Résistance,

Mesdames et Messieurs les porte-drapeaux,

Mesdames et Messieurs les sapeurs-pompiers, (si présent)

Mesdames et Messieurs les membres de la Pépinière des séniors, (si présent)

Chers jeunes élus du Conseil de la Jeunesse loossoise, (si présent)

Chers enfants du Conseil municipal des enfants, (si présent)

Mesdames et Messieurs, Chers Loossois,

L’année 2024 nous donne rendez-vous avec la mémoire.

Partout en France, nous commémorons un grand nombre d’événements liés au 80ème anniversaire du Débarquement, de la Libération et de la Victoire.

Année de fiertés, année de célébrations.

Notre commune a pris part à l’œuvre de Libération.

Chacun d’entre nous peut être fier ce matin d’être Loossois.

Fier car Loos a joué un rôle significatif dans le combat pour la Liberté, de mai 1940 à mai 1945.

Dès Mai 1940

Alors que l’armée du Reich balaie tout sur son passage et se dirige vers le littoral, la poche de Lille, composée de Lille, Loos, Haubourdin et Seclin, est encerclée par l’ennemi.

Dès leur entrée dans Loos, les nazis sont surpris de la résistance rencontrée. Des soldats français et sénégalais sous le commandement du Général JENOUDET, retranchés dans des maisons, se battent et tirent sur l’assaillant.

Furieux, les nazis retournent leur rage contre les civils : ils font sortir tous les habitants de leurs maisons, de leurs caves, des abris et, en pleine bataille, incendient plus de 500 maisons du quartier d’Ennequin.

La résistance acharnée de la « poche de Lille » par les 40 000 hommes du Général MOLINIÉ, dont les hommes de Loos et leur Général, offre aux 340 000 soldats des troupes françaises et britanniques cinq jours de répit pour rejoindre Dunkerque et l’Angleterre.

Soyons fiers du courage de nos soldats qui se battirent si vaillamment qu’ils furent autorisés à défiler en armes sur la Grand’Place de Lille devant les assaillants et quelques civils sortis des abris. 

À partir de 1941, les Loossois connaissent l’angoisse des bombardements.

L’aviation alliée vise des infrastructures industrielles, ferroviaires, routières et militaires. Les vols de nuit et les largages des bombes à vue, endommagent sérieusement la ville et éprouvent les Loossois.

C’est dans la nuit du 9 au 10 avril 1944, à la fin de la semaine des fêtes de Pâques, que survint le plus effroyable bombardement mené par la Royal Air Force.

Cette nuit-là, 300 bombardiers ciblent la gare de triage Lomme-Délivrance, en trois vagues successives pendant plus de 45 minutes. Ils causent les pertes civiles les plus meurtrières et les dégâts les plus importants.

Soyons fiers de la solidarité des sapeurs-pompiers, médecins et civils, qui, après chaque bombardement prêtèrent main forte aux sinistrés.

Enfin. Enfin, les Alliés débarquent en Normandie le 6 juin 1944. Après la Libération de Paris, le 25 août, les troupes alliées filent vers le Nord.

Les nazis battent en retraite, les Résistants s’organisent.

Le 2 septembre 1944, à Loos, des tireurs se postent à des endroits stratégiques, place Thiers, rue Foch… Les nazis qui s’y aventurent essuient des rafales de balles.

Dans plusieurs rues, des barrages empêchent le passage de l’ennemi :

  • rue du Maréchal Foch, au niveau de la poste, notre actuel commissariat de police, un wagon citerne Kuhlmann coupe le repli des troupes nazies.

  • Impossible également de franchir la rue Roger Salengro. Sur place, Gaston Andrieux et d’autres résistants, entravent la rue avec une Citroën traction avant, des charrettes et de la paille.

Un groupe de soldats F.F.I. conduit par Marcel Villette, chef du Comité de Libération, prend possession des édifices publics.

Les combats de la Libération font 14 tués, 8 fusillés par les S.S. et 26 blessés.

Le 4 septembre 1944, les nazis ont pris la fuite. La Ville de Loos s’est libérée !

En 1945, les combats de Loos ont été salués par l’état-major français, et immortalisés par la Croix de guerre avec Palmes, remise le 18 septembre 1949 à la ville, scellée sur le mur de l’entrée de notre Salle du Conseil.

Soyons très fiers de l’action des Résistants et des Loossois qui contribuèrent à libérer notre ville,

Soyons reconnaissants de la force de cette génération qui nous a précédée et nous donne des leçons de vie. Soyons-en dignes.

N’oublions pas que ce jour de Libération et de joie fait suite à un épisode tragique de l’histoire de Loos.

Dans sa retraite, la barbarie nazie s’illustre une dernière fois sur notre sol. Le 1er septembre 1944, 866 détenus de la prison furent déportés dans le Train de Loos.

Nous étions ensemble, dimanche dernier, pour leur rendre un magnifique hommage.

Ici sur notre monument, le prix du sang à Loos est gravé dans la pierre.

En nous inclinant devant les soldats, les héros intrépides de la Résistance, les déportés, les victimes de la barbarie nazie et toutes les victimes civiles, nous honorons leur sacrifice.

Ce matin, je veux saluer la présence et remercier infiniment les membres des associations patriotiques loossoises UNC et ANACR à l’œuvre toute l’année aux côtés des services de la Ville pour parler la langue des anonymes :

  • Evoquer le courage du Poilu qui rencontre l’effroi au fond de la tranchée,

  • Souligner l’effort de guerre des Femmes qui pavent la route,

  • Exprimer l’audace du Français libre qui rejoint de Gaulle en juin 1940,

  • Vanter l’héroïsme discret du Résistant et de la Résistante qui rallient l’Armée des ombres.

Par notre présence ici ce matin, par notre engagement citoyen, nous démontrons que la République est plus forte que la barbarie.

Poursuivre encore et toujours, la lutte contre l’oubli, c’est le sens du label national « Mission Libération », obtenu en soutien de nos initiatives.

Nous vous donnons rendez-vous dimanche 29 septembre à 10 heures sur le parvis de l’église Notre-Dame de Grâce pour cheminer dans les rues qui ont été témoins de la Résistance.

– Nous vous invitons à parcourir le tryptique « Regards sur l’Occupation et la Libération » installé dans tous nos quartiers. Vous y retrouverez la chronologie illustrée de Loos durant la guerre et des photographies de Loos conjuguant le passé au présent, conçues par la SPUL.

– Nous vous rappelons enfin notre mini-série de 5 podcasts sur le trajet des déportés du Train de Loos en écoute sur le site de la ville et les plateformes audio.

Alors que nous nous apprêtons à entonner la Marseillaise, ce chant de Liberté, je vous adresse ces mots de Charlotte DELBO, résistante puis déportée.

PRIERE AUX VIVANTS POUR LEUR PARDONNER D’ETRE VIVANTS

Vous qui passez
bien habillés de tous vos muscles
un vêtement qui vous va bien
qui vous va mal
qui vous va à peu près
vous qui passez
animés d’une vie tumultueuse aux artères
et bien collée au squelette
d’un pas alerte sportif lourdaud
rieurs renfrognés, vous êtes beaux
si quelconques
si quelconquement tout le monde
tellement beaux d’être quelconques
diversement
avec cette vie qui vous empêche
de sentir votre buste qui suit la jambe
votre main au chapeau
votre main sur le coeur
la rotule qui roule doucement au genou
comment vous pardonner d’être vivants…
Vous qui passez
bien habillés de tous vos muscles
comment vous pardonner
ils sont morts tous
Vous passez et vous buvez aux terrasses
vous êtes heureux elle vous aime
mauvaise humeur souci d’argent
comment comment
vous pardonner d’être vivants
comment comment
vous ferez-vous pardonner
par ceux-là qui sont morts
pour que vous passiez
bien habillés de tous vos muscles
que vous buviez aux terrasses
que vous soyez plus jeunes chaque printemps
Je vous en supplie
faites quelque chose
apprenez un pas
une danse
quelque chose qui vous justifie
qui vous donne le droit
d’être habillés de votre peau de votre poil
apprenez à marcher et à rire
parce que ce serait trop bête
à la fin
que tant soient morts
et que vous viviez
sans rien faire de votre vie.

Vive la République, Vive la Liberté, Vive la France